what's left of us fits in a box w/ alec

You were the only one I wanted, you were the first one I fell for
(Demi Lovato, Get Back)

Objectivement, elle savait qu'elle n'avait rien à faire là. Alec avait quelqu'un dans sa vie et elle n'avait pas besoin de lui, pas vraiment. Ils s'étaient recroisés à plusieurs reprises et chaque fois, Liv n'avait pu empêcher le malaise de s'installer. Lui parler, même pour échanger les politesses les plus basiques, était difficile. Ils n'étaient plus tout à fait amis mais dans le fond, l'avaient-ils jamais été ? Elle avait du mal à se souvenir d'une époque où leur relation ait été totalement platonique. Du plus loin qu'elle pouvait remonter, il lui semblait avoir toujours cherché son contadct, glissant une main dans la sienne à la moindre occasion, quêtant le moment opportun pour l'embrasser. Ils n'avaient jamais été de simples amis, jamais. Alors non, vraiment, elle n'avait rien à faire là, un carton rempli de ses affaires qu'elle avait retrouvé chez ses parents. De toute manière, il ne rentrait probablement plus dans ce tee-shirt abandonné dans sa chambre d'adolescente, l'été de leurs dix-sept ans et ces photos d'une escapade avec la bande du lycée ne lui manquaient sans doute pas. Elle n'avait rien à faire là et pourtant, elle était venue. Elle avait cherché un prétexte pour le voir, même si elle n'était pas prête à l'admettre. Ça avait un sale goût de déjà-vu, d'ailleurs. Depuis près de dix ans, chacun de ses séjours à Fairhope s'était déroulé plus ou moins de la même manière. La joie de revoir les siens et le chaos de l'installation temporaire, puis l'attente, l'espoir de voir apparaître une excuse, n'importe laquelle vraiment, pour croiser le chemin d'Alec. Liv pouvait le nier autant qu'elle le désirait — et Dieu savait qu'elle niait tout en bloc avec une ardeur à toute épreuve — elle avait toujours attendu ce moment avec une impatience à peine dissimulée. Peu importait ce qui l'attendait à New York — ou qui — si elle pouvait retrouver Alec, que ce soit au détour d'une énième fête estivale organisée par l'un ou l'autre de leurs amis communs ou par un hasard des plus douteux, elle n'hésitait pas. Seulement elle n'était plus pour les vacances et ils n'étaient plus des gamins. Alec avait quelqu'un dans sa vie et elle était déterminée à prouver à tout le monde qu'elle n'avait besoin de personne, surtout pas d'un homme.

Pourtant, elle était là, plantée devant sa porte, au vu et su de tous ses voisins, un carton plein de souvenirs ridicules dans les bras. A sa décharge, elle avait résisté longtemps, reléguant ce stupide tee-shirt et tout ce qui se rapportait de près ou de loin à Alec dans un coin de son placard, chez ses parents. Elle avait résisté, vraiment, et elle ne parvenait pas à expliquer pourquoi sa volonté avait finalement flanché. Peut-être était-ce une remarque de plus à propos de son célibat, peut-être était-ce d'avoir vu ce couple si heureux au restaurant la veille, peut-être était-ce à cause de ce tri de sa chambre d'enfant qu'elle n'avait cessé de reporter pour finalement s'y adonner le week-end passé. Elle ne savait pas pourquoi elle était là et elle ignorait aussi pourquoi elle n'avait pas encore frappé. Si quelconque l'apercevait, plantée là, à se débattre avec ses craintes et ses remords, elle allait passer pour une dingue. Et encore, ce n'était que le meilleur des scénarios. Dans le pire des cas, l'un ou l'autre des voisins d'Alec appellerait les flics. Et, non, elle n'avait absolument pas envie d'expliquer à un officier pourquoi elle était là.

Avec un soupir, Liv cala le carton contre sa hanche et leva une main tremblante pour frapper. Avec un peu de chance, il serait seul. C'était une chose de savoir qu'Alec avait rencontré quelqu'un d'autre — la nouvelle s'était répandue comme une traînée de poudre dans son entourage et on avait à peine oser la lui transmettre, comme si elle allait se briser en apprenant qu'il était en couple — c'en était une autre que d'en être le témoin. Liv n'était pas encore prête pour ça. Ne serait probablement jamais prête pour ça. « Mh. Salut » bredouilla-t-elle avec un sourire nerveux lorsque la porte s'ouvrit. Elle baissa les yeux sur son carton, se sentant bien stupide à présent. Quelle idée ridicule. Est-ce qu'elle allait devoir expliquer pourquoi elle avait ressenti le besoin de lui rendre ses biens le seul soir où elle ne travaillait pas, à presque vingt-trois heures ? Probablement. Est-ce qu'elle allait mentir ? Assurément. « Ça traînait depuis un moment chez mes parents et comme j'étais dans le coin, je... » De toutes les excuses qu'elle aurait pu choisir, elle avait choisi la plus ridiculement utilisée et répétée. Un cliché verbal. « Peu importe. C'est à toi, alors... voilà » L'éloquence faite femme. Pour un peu, elle se serait donnée des claques.

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{ You can never say never while we don't know when
But time and time again younger now than we were before }
crédit/ ohmycrackships ✰ the fray.

Alec venait de dire au revoir à sa petite amie qui travaillait ce matin. Il avait eu du mal à la laisser partir. La solitude n'était pas quelque chose qu'il appréciait vraiment. Il avait besoin de se sentir entouré et aimer peut-être pour combler un vide en vain. Il avait décidé de ranger un peu sa maison puisque depuis quelques temps il y avait du laisser aller. Il avait été si occupé entre sa carrière, sa famille et sa petite-amie qu'il s'était moins préoccupé des aspects ménagers des choses. Cependant, en regardant la vue d'ensemble il se disait que c'était le moment de s'y remettre. Alec n'était pas l'homme le plus maniaque au monde, mais il n'appréciait pas de recevoir du monde lorsque ce n'était pas rangé. C'est ainsi qu'il se rendait compte qu'il grandissait réellement. Il avait atteint les vingt-huit ans et il ne pouvait plus se comporter comme un gamin. Il avait pris sa vie en main et n'avait pas à rougir de son parcours. Contrairement à ce que pensaient la plupart des gens du fait qu'il soit un town boy il avait réussi professionellement et amoureusement. Alec avait passé à peu près une heure et demie à tout ranger, mais le résultat était plus que satisfaisait. Sa maison avait repris figure humain. Il décida d'aller prendre une douche puisque faire le ménage était presque l'équivalent d'une course à pieds. Il enfila ensuite un pantalon noir et un t shirt. Une fois cela fait un se posa quelques instants dans son canapé content de ce qu'il avait acompli. Désormais il était un adulte, un homme il ne pouvait plus compter sur sa mère pour faire les choses pour lui. Il appréciait l'ordre et était le premier surpris. Il s'apprêtait à aller se prendre une bière quand  il entendit quelqu'un frapper à sa porte. Il se demandait si ce n'était pas sa copine qui avait oublié quelque chose. Elle avait parfois la tête ailleurs, il alla donc vers l'entrée de sa maison.  Lorsqu'Alec ouvrit la porte et aperçut Liv, il resta bouché bé durant quelques secondes. Elle était la derrière personne qu'il s'attendait à voir devant chez lui. Elle rompit le silence en lui confiant qu'elle avait cette boite qui trainait depuis bien trop longtemps chez ses parents et qu'elle voulait lui rendre. Alec se demandait bien pourquoi maintenant, mais il ne préférait pas poser une question dont il redoutait la réponse. Avec Liv il avait été si souvent déçu qu'il préférait rester dans le flou. Il ne pouvait s'empêcher de remarquer à quel point la jeun femme était mal à l'aise, elle n'était pas confiante rien que dans le ton de sa voix, dans ses gestes. Pendant un instant, il se laissa à penser qu'elle n'avait trouvé que cette excuse pour venir lui parler et rompre cette distance entre eux. Rapidement il retourna à la réalité. Liv n'était plus une adolescente, elle était une adulte qui était passée à autre chose. Elle voulait simplement se débarrasser des derniers souvenir de leur couple. Alec n'avait pas la prétention de penser qu'elle cherchait une excuse pour venir le voir. Après tout elle avait tout le temps pour se rapprocher de lui depuis son retour, mais elle n'avait rien fait. « Je vais t'en débarrasser, merci. » Lui répondit poliment Alec tout en prenant le carton dans ses mains. Il n'y avait aucune amertume dans sa voix, mais de la politesse. Il ne savait pas vraiment comment se comporter avec elle. Pour la première fois c'était lui qui était en position de force. Tout le monde savait qu'il avait refait sa vie, qu'il semblait heureux. Tout le monde savait aussi qu'elle étaut célibataire et cela aurait dû lui apporter un sentiment le bien-être, de revanche, mais ce n'était pas le cas. Cela le remuait plus qu'autre chose. C'était plus facile d'être en sa compagnie sachant qu'elle appartenait désormais à quelqu'un d'autre. « Tu veux peut-être entrer une minute ? » Lui proposa le beau blond. Il ne savait absolument pas ce qui lui avait pris. Elle avait sûrement refusé voulant rentrer chez elle tranquillement ou aller travaille loin de lui. Il avait longtemps songé à ce moment de retrouvailles sans jamais savoir comment cela se déroulerait. Maintenant il avait une chance de le savoir.

You were the only one I wanted, you were the first one I fell for
(Demi Lovato, Get Back)

Pour un peu, elle espérait presque qu'Alec ne soit pas là pour filer chez elle et reléguer ce stupide carton — l'excuse à deux balles, franchement — dans un coin sombre du grenier tout en s'employant à jouer les parfaites futures trentenaires indépendantes nageant dans le bonheur.  Après tout, elle n'était pas rentrée à Fairhope pour lui mais pour son père, pour le restaurant, pour son avenir. Qu'Alec soit toujours dans le coin n'avait eu aucune incidence sur sa décision. Ça ne signifiait pas pour autant que ça n'avait pas de conséquence sur son comportement, loin de là. Elle avait soigneusement évité de le revoir, refusant les invitations des uns et des autres aux derniers barbecues de l'été passé, rasant les murs chaque fois qu'elle se baladait en ville, passant le plus clair de son temps en cuisine, que ce soit au restaurant ou chez elle, avec Eliza. Il n'y avait qu'à elle que Liv était parvenue à avouer à mi-mot que la proximité d'Alec l'affectait, même sans l'avoir vu. Ce n'était qu'une pensée, une constante dans sa tête. Pathétique. Et elle avait fini par craquer.

Et il était chez lui. Bien, parfait même. Peut-être qu'en se retrouvant face à lui, elle pourrait aller au bout de ce plan si bancal à propos de nouveaux départs et de toutes ces conneries dont regorgeaient Cosmo et la pile de magazines féminins sur sa table de nuit. Quelque chose lui disait que ce ne serait pas si simple mais soit, elle avait trouvé un prétexte pour se pointer chez lui, autant aller jusqu'au bout.

Elle lui abandonna le carton avec un sourire crispé, déstabilisée par le ton si poli de sa voix — si impersonnel. Liv avait l'impression d'être une étrangère. Ils se connaissaient depuis trop longtemps pour ça mais elle n'était plus la fille de passage et il n'était plus l'ex qu'elle revoyait une fois les vacances arrivées. Elle le savait pertinemment en revenant s'installer en Alabama et elle en était tout aussi consciente en décidant de lui rendre visite. Well, fuck. « Oui, pourquoi pas » souffla-t-elle en évitant son regard, lorsqu'il lui proposa d'entrer. Une erreur, sans doute, mais Liv prenait rarement de bonnes décisions lorsqu'Alec était impliqué. « Enfin, je ne veux pas m'imposer, tu as probablement des choses qui t'attendent. Ou des gens » ajouta-t-elle maladroitement, sans réfléchir. C'était totalement dénué de subtilité, comme réflexion, mais un moment de honte était vite passé. La gêne de se retrouver face à la copine d'Alec, en revanche, risquait d'être un peu plus mémorable et Liv n'était pas prête à tenter l'expérience.

Alec sentait que la jeune femme n’était pas à l’aise dans son discours. Elle ne semblait pas sûre d’elle et cela l’étonnait. La Liv qu’il connaissait ne se démontait pas sous aucun prétexte. Il continuait d’avoir une petite voix dans sa tête qui lui disait qu’elle n’était pas simplement venue  lui rendre ses affaires. Elle devait avoir quelque chose à lui dire même s’il ignorait quoi. Après tout pourquoi maintenant ? Elle avait eu six mois pour le faire. Elle suscitait sa curiosité, mais il n’oserait pas poser la question de peur d’entendre la réponse. Il ne se sentait pas prêt à affronter la réalité. Alec avait refait sa vie pourtant, lorsqu’il voyait Liv devant lui il avait l’impression de redevenir ce lycéen entiché de la jolie rousse. Il ne le montrait pas voulant préserver sa fierté cette fois-ci. Il voulait prouver qu’il avait retenu la leçon. Alec essayait de se montrer courtois avec la jeune femme. Il ne voulait pas lancer les hostilités. Il espérait que le temps avait fait son œuvre. Alec ne voyait plus Liv comme la jeune femme qui avait su prendre son cœur puis qui repartait avec à chaque vacances. Elle était présente définitivement et si on aurait pu penser que les choses auraient évoluées ce n’est finalement pas le cas. Peut-être qu’ils s’étaient fait chacun trop de mal pour se donner réellement une chance, peut-être que c’était trop réel pour qu’ils prennent le risque. Liv semblait gênée par sa proposition, mais malgré tout elle accepta ce qui l’étonna grandement. Il pensait qu’elle allait prétexter avoir un rendez-vous ou autre afin d’échapper à cette situation. Cela l’aurait presque arrangé puisque maintenant il ne savait pas vraiment quoi faire. Il ne savait pas comment se comporter avec elle, sur quel conversation engagé la discussion. Il pensait avoir pris une mauvaise décision en lui proposant de venir, mais il ne pouvait pas la désinviter cela ne se faisait pas. La dernière phrase de Liv le laissa perplexe. Il se doutait qu’elle était au courant qu’il avait quelqu’un dans sa vie, mais il ne pensait pas que ça la gênerait d’entrer pour cette raison. Ils ne faisaient rien de mal. « Tu ne t’imposes pas, il n’y a personne à la maison. » Lui répondit Alec afin de la rassurer. Il essayait de la mettre à l’aise, mais c’était difficile puisque lui-même ne l’était pas. Après un silence de quelques secondes il chercha quelque chose à dire, n’importe quoi malheureusement les seules choses qui lui venaient en tête étaient stupides. « Je peux t’offrir quelque chose à boire ? » Lui proposa poliment le beau blond. Il espérait que leur complicité allait rendre la situation moins gênante sans pour autant retomber dans leurs vieilles habitudes.

You were the only one I wanted, you were the first one I fell for
(Demi Lovato, Get Back)

La subtilité n'était pas le fort de Liv, principalement parce qu'elle détestait tourner autour du pot. Quel intérêt, quand on pouvait être clair et direct ? Elle avait été élevée dans l'idée qu'il valait mieux énoncer clairement ce qu'on pensait et voulait pour obtenir des résultats satisfaisants. Ceci dit, il était difficilement envisageable de demander à Alec si sa copine était dans les parages. Sa copine, god, il avait quelqu'un dans sa vie, quelqu'un qui n'était pas elle, c'était si étrange. Elle refusait d'aller au fond de ce malaise qui l'avait saisie lorsqu'elle avait appris la nouvelle et elle préférait également ne pas chercher d'explications à sa soudaine prudence. Ou elle risquait d'avoir des pensées très désagréables. Elle n'était pas là pour ressasser quoi que ce soit, surtout pas le passé avec Alec, juste pour lui rendre ses affaires. Repartir de zéro, d'une certaine manière.

Entrer chez lui, même pour cinq minutes, même pour un café et deux banalités, n'était probablement pas la meilleure chose à faire dans ce cas. Liv avait l'habitude des décisions qui défiaient toute logique quand il était question d'Alec. Elle se surprit toutefois à sourire, rassurée de le savoir seul. Ça reportait encore la rencontre tout à fait awkward avec l'élue de son cœur — à jamais, avec un peu de chance, parce qu'après tout, Liv n'aurait plus aucune excuse pour le voir après ça. « Je vais prendre un café. Si tu en prends un aussi, précisa-t-elle après un instant d'hésitation, je ne veux pas déranger » ajouta-t-elle, agacée par la faiblesse polie de sa voix. Elle n'avait aucune raison d'être là et il avait toutes les raisons du monde de la mettre à la porte, mais elle ne voulait pas qu'il le fasse. Dans le fond, elle avait attendu le moment de le revoir avec trop de hâte pour voir ce moment soudainement écourté. Il était simplement difficile d'être là, sans une nouvelle anecdote new-yorkaise ou un ragot rapporté par sa mère sur l'un ou l'autre de leurs amis communs, une bouteille à la main et un sourire fiévreux aux lèvres. Il était difficile d'être là, alors qu'elle ne faisait plus vraiment partie de sa vie et lui de la sienne. « C'est une jolie maison » commenta-t-elle, une fois la porte refermée. Une jolie maison, oui. Une maison qui aurait pu être à eux si elle n'avait pas choisi ses études et New York, en le laissant derrière elle sans pour autant accepter de le lâcher. Mieux valait mettre ce genre de considérations de côté. « Tu vis seul ? Pas de colocataire ? » Ou peut-être pas. Again, la subtilité n'était pas l'une de ses qualités et elle se sentait réellement idiote, à demander ça en se forçant à sourire, comme si elle n'était pas consciente qu'il avait refait sa vie avec quelqu'un d'autre.