les embruns marins (jim)

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La date du mariage était fixée depuis quelques jours désormais. Ce serait au début du mois de septembre, lorsque le temps est encore bon, pour mettre de la gaieté à la période déprimante de la rentrée. Elle convenait aux familles respectives, il ne manquait plus que la présence des amis du couple. Ces derniers allaient être mis au courant du mariage ou à défaut, de la date, par un carton d'invitation choisi par Oz car selon son fiancé, il n'avait aucun goût. Oz avait choisi un faire-part épuré, aux teintes naturelles et aux motifs doux. Pour l'un de ses invités, elle avait choisi de ne pas le faire parvenir par voie postale mais de le donner en main propre. Pourvu de l'enveloppe, ses petits talons claquant sur le macadam de la ville, Oz se dirigea en direction du port afin de s'entretenir avec Jim, son meilleur ami. En fait, il était davantage qu'un meilleur ami ou qu'un frère. Il était son tout, une appellation qui déplaisait fortement à Michael mais soit, il n'y avait pas de mots pour définir leur relation si … étrange et intense. En arrivant dans l'entrepôt côtier Frazier, Oz s'éclaircit la voix, se raclant la gorge afin de manifester sa présence à Jim, occupé sur un bateau à quai, surélevé. « Salut toi ! » chantonna-t-elle d'une voix volontairement mielleuse et sensuelle, comme toujours lorsqu'elle débarquait ici en tenue de bureau, jurant avec le décor. Elle s'appuya à un meuble tout en l'observant. « Tu as deux minutes à m'accorder ? Quoi que tu n'as pas tellement de vie sociale alors la réponse est oui », ricana-t-elle comme une enfant.

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tumblr : daniels-gillies
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Il s'attarde sur l'oreiller, le temps d'une demi-heure voire d'une heure tout au plus. Sans conviction, il termine par se lever, se soustrait hors du lit, un poil trop vite qu'il en a le vertige. Il manque d'enthousiasme, se vautre dans la nonchalance. La nuit, il la passe au hangar, roupillant à fond de cale. Il en perd des heures de sommeil à retaper des bateaux et à boire des verres de rye, brûlant jusqu'à sa panse. Le boulot s'empile. Une felouque et trois batelets habitent son local. Il scie, ponce, traite le bois, se met à la couture pour quelques voiles morcelées. Il s'applique au turbin, se passe un maillot de corps et se chausse. Le nœud de ses lacets lui paraît interminable. Un chouïa encore endormi, la technique d'ordinaire si simple se dérobe de sa maîtrise. La matinée s'estompe doucement, lentement. Une voix l'interpelle, il en reconnaît le timbre : Oz, sublime esquisse à ce tableau sinistre. Il symbolise son contentement par un sourire. Jim salue son entrée en matière, succombant comme toujours à l'impertinence y nichant. "Insolente." Pense-t-il sans verdeur. "Je trouve ta remarque un brin cavalière, frôlant même le cynisme. Or je dois te l'admettre, il y a une part de concret." Ses mains noircies par la tâche retrouvent un aspect plus naturel alors qu'il les essuie sur l'arrière son pantalon. "Je constate que tu es venue seule. Soit, ton cher et tendre sait faire preuve de laxisme ou bien est-ce juste de l'insouciance, dis-moi ?" Il s'inhibe d'une fausse joie, marque un nouveau sourire, sans doute bêtement, assouvi par l'absence d'un compère, d'un homme qu'il n'estime que trop peu. S'attarder sur cet individu, en faire un sujet de conversation lui fend la bavarde. Or, il le place en exorde de sa palabre, le fait roi d'un dialogue en début de course. Il ne sait rien de lui, l'étiquette comme un voleur, un larron et n'aspire qu'à quelques invectives muettes à son encontre. Son amie lui échappe. Il le sait, Jim et juge ce gentleman de coupable. S'extirpant de sa torpeur, convoitise tardive qu'il manifeste une fois le terrain conquis. L'imbécile.