imploded cavities.

Une promesse? Il les tient pas. Ca broie, ça scarifie et ça dégringole sous le surplus d’alcool. Disons qu’il remplira le contrat de toujours mettre des glaçons dans vos verres. Il est pas avare, il n’aime pas les mots qui servent à rien, depuis trop longtemps les actes priment sur son existence. Les gestes restent, les mots s’envolent. Aussi mélodieuse peut être la voix.
Un souvenir? il est placardé à quatre endroits. Un mauvais souvenir, un goût amer, une mélodie inachevée, un rêve brisé que le passé se charge de lui rappeler qu’il n’est qu’un raté. Jin, la voix douce est mélodieuse aux deux albums à succès planqué ironiquement sur cette table de chevet de fortune. Puis il y a un autre double placardé au mur sur la cible aux fléchettes de l’appart. Preuves désillusoires de vengeance ? Certainement. Puis un dernier exemplaire avec cette chevelure trop belle, venue certainement des enfers pour le tourmenter à vie. Ce disque-là, il sert à rouler les joints de tous ceux qui passent une soirée dans ce taudis masculin. Le dernier est agrafé à son coeur putride qui ne cessera pas de saigner. Jin, le cyanure de son extraordinaire fêlure.
Un secret? Ultra-fan du repassage. Ok. C'est bien, vous n'y croyez pas, tant mieux comme ça, ça restera bien secret. Ceci dit c'est tout à fait véridique. Le mec le plus débraillé du quartier, comme le dirait la concierge de l'immeuble, adore swinguer sur du rock, allumer le fer et s'amuser avec la vapeur. Vous savez le petit bouton magique qui fait rugir la brume blanchâtre comme les narines d'un dragon. Voilà. Chut, maintenant.
Un poème? Vivants. Victor Hugo
Une déclaration d'amour? Trois mots qu'il exècre autant qu'il s'abhorre lui-même. "Je te veux" est plus dans son jargon officiel et "tu me possèdes" n'a connu qu'une seule vérité. Il y a quatre ans. Il était à Elle. Il l'est toujours, sûrement. Mais Elle, elle n'est plus à lui.

▪ See the panic in my eyes Kiss me only when I cry  
DO. Ta gratte. Ton monde. Ton évasion. Un instrument qui aurait pu t'être destiné. La seule chose qui t'as vraiment fait vibrer. La zik. Si t'avais pas fait l'con, Jal. Si t'avait pas eut peur de ce que l'aventure du rythme pouvait t'enseigner. A un moment tu y a cru, gamin. Grand gamin. Elle était là Jin pour suivre tes accords et du jour au lendemain t'as bu tout le rhum, t'as niqué les cordes et t'as enflammé, carbonisé ta muse. Elle est partie, l'inspiration avec elle. Aujourd'hui t'arrives plus à passer le Fa mineur, petit con va. RE. Ton bar. Enfin le bar d'Al' oui. Un jour, il t'a laissé les clefs. Il croyait en toi, il s'est dit que tes pieds et tes jambes qui enfin semblait te supporter sans qu't'es b'soin de son épaule d'ancêtre. Ce père de procuration qui s'est peut-être dit que tu ferais mieux que de siffler le whisky irlandais caché derrière la caisse. S'il savait. M'enfin, tu lui fais honneur, du moins t'essayes. Les clients sont toujours là. Ils en redemandent, cette bande d'ivrognes, tu les aimes putain. MI. Puis, il y Bai'. La folle. L'impudente. Ton double en pire. Ta mère aurait certainement dû s'arrêter à ce foutu chef-d'oeuvre exécrable que t'étais. Ah Bai'! L'insolente, l'impulsive. Ta soeur. Ta foutue jeunesse. Ton passé qui te rattrape, tu l'envies quand toi t'as du grandir trop vite. Tu ne veux pas ça pour elle. Elle s'est échappée de la pression de Montgomery. Elle t'a rejoint il y a un mois. Valises sur le perron, cheveux en bataille, mascara de panda et une pâle odeur de bière de la veille. T'as hésité à lui claquer la porte au nez. Au final, elle squatte le canapé suédois et bouffe tout ton frigo. Bailey, tu l'emmerdes tellement. FA. Parler pour rien dire, tu détestes ça. Pourtant, tu deviens le plus grand psychologue de la ville à écouter geindre les milles et une pleurs de tes clients. Tu parles pas souvent, ou alors peut-être pour leur dire qu'ils te font chier. Mais t'aimes cette famille d'alcooliques grand con. Ca t'aides dans ta propre thérapie d'asocial. SOL. Lundi soir, fermeture du bar. T'as les cours de cuisine. Tu sais pas pourquoi t'as fait ça. Tu sais pas d'où s'est sorti. Sûrement Pace, le rital qui te supporte depuis des années, qui t'as parlé un jour de space-spaghetti. Ca t'as mis l'eau à la bouche, t'apprends les bases et au final tu ne rates plus tes oeufs. GG, mec. LA. Drogué, va. L'encre s'est déversée sur la presque totalité de ton corps. Tu ne saurais même pas dire pourquoi tu as commencé, quand tu as fait teindre ta peau de mille couleurs. T'es juste un toxicomane de l'encre à l'aiguille, ça marque, ça parle, ça endolorie quelques heures -quelques jours- ça s'ancre en toi. T'as jamais aimé les mots. Tu ne t'exprimes que lorsque tu produis une partition alors comme la clé de sol t'a échoué trop souvent, pour ne pas exploser, tu continues à te tatouer. SI. Titus. Le bouledogue de ta vie. C'est sûrement le seul être sur terre auquel tu voues un culte. Du moins sans t'en cacher. Titus à la plage. Titus en voiture. Titus au parc. Titus et les mouches. T'aimes ces épisodes. T'es comme une vieille dame qui romantisme trop avec ton clepse. DO diez. C'est mauvais, ce son. Ce final qui n'en est pas un. Ce suspens qui traîne dans ta vie depuis bien trop longtemps. Ce Gin où les glaçons ont déjà fondu et l'eau a trop fait tourné la liqueur. Tu ne t'empêches pas de croiser son regard sur ta cible de fléchettes. Tu grognes quand MTV te passe ses interviews et pourtant tu continues tes rêves d'ados la nuit quand t'as rien trouvé de mieux que ta main droite pour te consoler. Putain de vie. Putain de souvenir. Ta haine de Jin, elle t'enserre à jamais.

▪ Makes my heart beat like a drum  

Five years ago...
T’as plus rien, Jalen. T’as plus le contrôle, même si tu feins d’être le maître. T’as plus d’raison, même si tu penses tout contrôler. T’as plus de cœur non plus, bien que tu le sentes cogner atrocement jusqu’à tes tempes. Il te reste seulement cette arme. Tes mots. Ceux qui font mal, ceux qui poignent. Ceux qui merdent et qui la blesseront. Tu veux les meilleurs pour elle mais ils refusent de prendre essence au bord de tes lèvres. Alors tu choisis les pires, et tu regrettes de les dire à chaque fois. Mais, tu l’sais que tu en as besoin. Ça te cache, ça te dissimule de cet intérieur trop engourdi qu’est devenu ton esprit depuis que tu l’as vu. Vous vous êtes toujours exprimés ainsi, avec des coups bas et des paroles acides. C’est le lien qui vous unis, elle et toi. Quand elle te répond, c’est comme si tu gagnais. D’une certaine façon. Car elle fait attention à toi. Elle aussi a besoin de te détester. Le jour où elle ne répondra plus, elle te trouvera indifférent. Elle ne te regardera plus. Peut-être que toi non plus. Elle ne daignera plus t’enfoncer, tu ne trouveras plus d’égal à ta joute. Et vous vous éloignerez. Etait-ce ce qui allait se passer ? Etait-ce l’inévitable ? Continuer à vous cracher à la gueule, pour qu’un jour, l’un de vous deux cesse et passe à autre chose ? Ton cœur se presse. T’as mal Jal. Trop mal. Tu as l’impression que des griffes le lacèrent pour le faire saigner un peu plus à chaque question évidente qui se bouscule dans ta tête. Mais ton cœur bat encore. Le con. Toujours plus, malgré tout. Une boule incurable s’est coincée dans ta gorge et t’as envie de crier. Mais ta voix est aphone. Tu ne peux pas. Mais t’as envie de hurler que non. Que non, elle ne peut pas t’oublier. Elle n’en a pas le droit. Elle n’a pas le droit de te laisser. Ni maintenant. Ni demain. Ni hier. Ni dans trois siècles. Jin doit rester dans tout ce que tu détestes et que tu exècres. Pour ton bien. Jin te tuera, tu préfères, mais elle ne t’oubliera pas. Tu lui interdis.
Le rictus creuse la fossette au coin de ta joue quand tu l’entends signaler : « Il me va mieux. ». Le chapeau. T’es vraiment fier, hein Jal. T’as trouvé le bon substitut. Puis avoue-le, t’aimes ça l’emmerder la Jin. T’aimes la faire jaillir. T’aimes l’entendre gronder. T’aimes quand elle sort de ses gonds. Juste pour toi. Ouais, c’est vrai. Elle est encore plus sexy quand elle est en colère. Quand elle te repousse. C’est pour ça que tu crèves de l’embrasser encore une fois. Comme l’autre fois. Diable que t’aimes la rendre hors d’elle, t’aimes ce pouvoir qui la fait sortir de son tempérament sure d’elle, imperturbable, et qui défie tous les autres. Tu sais qu’elle n’aime pas perdre le contrôle. Comme toi. Et tu fonds littéralement quand tu l’entends parler. Et chanter apparemment. Elle a cette maîtrise de la parole, elle sait captiver n’importe qui. Elle influence. Elle contre. Elle est… parfaite. Même quand elle te hait. Elle ricane quand tu lui dis qu’elle a peur de perdre la face. T’aurais dû parier qu’avec cette remarque tu faisais mouche. « Toi mieux que quiconque, Käser, devrait savoir que je ne perds jamais… » Biensûr que tu ne l’imagines pas renoncer une seule seconde. Mais ça aussi, tu n’es pas obligé de lui dire non plus. Il ne vaut mieux pas. « Sois pas si sûre de toi, bébé. Ça t’fout des rides prématurées. » Nouvelle pique, et tu penches la tête en la regardant arquant les sourcils et de nouveau tout sourire pour lui montrer que t’attends. Tu pensais avoir gagné, hein. Oui, t’as déjà cet air satisfait quand enfin elle fait frôler ses doigts sur les cordes de la guitare. Mais à peine les prémices d’une mélodie s’envole qu’elle s’arrête. Tu la fixes de nouveau. Elle a peut-être finalement décidé de ne pas rentrer dans ton jeu. « On va faire un truc Käser. Tu m’dis une chanson, et si je l’interprète assez bien, tu m’rends mon chapeau. » Et oui, Jalen. T’aurais du t’en douter, n’est-ce pas ? Depuis quand Jin capitule sans faire valoir ses propres règles. T’as ce regard, mi-consterné, mi-amusé. C’est ça de se réjouir trop vite. « Dis-moi que t’as de bons goûts musicaux. Sinon tu redescendrais gravement dans mon estime, et déjà que t’es pas bien haut, ça te classerait vraiment très bas… » Tu le sais qu’elle le fait exprès, mais ça te touche, hein p’tit con ? Ça te fait mal au fond avoue ? « J’ai pas l’intention de t’faire plaisir. Mais ça me va droit au cœur d’être quand même dans ton classement, petite. » Faut dire, t’es un peu bougon et sec dans cette dernière phrase. Merde. Pour qui elle se prend avec ses grands airs de princesse. T’as préféré tourner la tête pour ne pas lui montrer qu’elle t’a heurté avec sa réplique. Tes yeux lui montreraient trop de choses.. Alors tu finis par t’allonger sur les tuiles, croiser un bras sous ta tête pour te caler aussi confortablement que possible. L’autre main à attraper fermement le grand chapeau noir et le pose sur ton torse, espérant peut-être atténuer le martèlement cardiaque qui y gronde. « J’suis deg’, moi qui voulait te voir glapir sur du Britney Spears. » ajoutes-tu moqueur, juste pour la forme. Tes yeux verts se perdent sur le tapis d'étoiles au-dessus de toi. T’as pas vraiment d’idées en fait. Tu ne sais pas si ça lui plaira non plus bien que tu saches d’avance qu’elle n’est pas le genre de nana qui écoute des choses dégoulinantes de love et de chocolats. Ça te plait, d’ailleurs. Ce n’est pas une groupie, la p'tite. Elle ne roule pas des yeux devant toi comme la plupart des demoiselles. Elle ne prend pas de gants pour te parler et te faire plaisir. « Leave out all the rest de Linkin Park. » glisses-tu, tout à coup dans le calme. C’est sorti tout seul. T’aimes cette musique. Les paroles te parlent et te ressemblent que trop bien ces derniers temps.


Today...
La pochette de cet album. Putain. Comme un vieux rêve. Comme un goût amer et putride du passé sur ta bouche. Comme une ritournelle d’un film vu, et trop revu. Une image que t’avais cru effacer. Tu t’étais pourtant promis de ne jamais recroiser son regard de gamine. Tu l’as hais encore, sâle con. T’as déjà les mains qui tremblent, tu sais tes phalanges baguées qui habituellement sont si rigides et agiles. Elles tremblent et te trahissent à nouveau. D’un coup, ce verre que t’essuie t’échappe et se brise au sol. Tu grognes, tu détestes n’avoir aucun contrôle. Mais, au lieu de ramasser tu enfonces tes doigts dans ta crinière mordorée, les coudes s’abattant sur le comptoir luisant. Tu le sais, dans quelques heures tu te reprendras. Ton bar s’ra rempli et tu oublieras jusqu’à… Jusqu’à cette nuit. Quand elle reviendra hanter ton corps. Dans tes cauchemars les plus sombres. Les plus vils. Mais aussi les plus beaux. Soudain, tu ne contrôles plus rien, ta patte de lion s’abat sur le petit boitier en plastique, tu le saisies et le fracasse dans le mur d’en face, heurtant une ampoule qui vole en éclat aussi sous le choc. Allégorie de destruction. Comme si tu penser dire encore adieu à cette muse qui t’as oublié. Alors que toi, pauvre mec, t’en es encore dans cette violence éternelle qui te fait l’aimer.

La porte s’ouvre. Voilà ton rédempteur. Le premier client de la soirée. Sois béni, Jalen. Jin chantera quoique tu brises portant son nom.